Après de très nombreuses heures de réflexion et réalisation, voici le résultat 🙂
Ma grand voile fera maintenant 4,7 m² et 2 ris (3.8 avec le 1 er ris, et 2.9 m² 2 ème ris). Le foc, lui, fait 1,6 m²
Le changement de gréement a été fait pour plusieurs raisons:
- plus performant dans le petit temps,
- plus sûr avec plus de réglages pour mieux s’adapter aux conditions de vent et nombre de passagers,
- Plus de confort avec plus de place dans le bateau: maintenant nous pouvons être 3 en navigation à la voile,
- Plus beau, mais ça, c’est un avis personnel.
Voici toutes les étapes des nombreux éléments du gréement fabriqué par mes soins pour la mise en place des nouvelles voiles.
J’ai dessiné les voiles pour les faire fabriquer. J’ai conçu et fabriqué tout le reste dans mon atelier…
1 – Le mât
Le mât est composé de 12 morceaux de pin des Landes sans nœud. Pour faire de belles coupes à 15° de l’assemblage à sifflet, j’ai commencé par fabriquer un gabarit:
J’ai donc découpé tous mes tasseaux pour le mât en répartissant chaque jonction à 40 cm les unes des autres pour éviter de le fragiliser: Il fait 4 m pour un diamètre de 56 mm.
Chaque tasseau à aussi un épaulement pour faciliter le collage des 4 morceaux (dernière photo).
Maintenant le collage à la résine époxy en 3 fois: d’abord 2 demies coques de 4 m puis leurs collages.
J’ai maintenant un beau mât… de section carré! j’ajoute des faces au rabot, puis termine par différents grammages de papier de verre. Sur l’avant dernière photo, vous pouvez voir le détail d’une des 9 jonctions des tasseaux.
J’ai maintenant un joli tube qu’il faut équiper de butées en pied de mât et les accroches pour les haubans et l’étai. Je fais des plats pour avoir une surface de collage et que les pièces rapportées soient en butées et ne tiennent pas uniquement par la colle époxy. J’ai également ajouté un « bouchon » en pied de mât et un chapeau pour le haut.
Les efforts en pied de mât vont être importants à cause des étais qui ont un angle faible / mât (9°), alors j’ai créé une pièce pour les répartir sur le fond de la coque, en plus de l’appui sur le banc.
2 – Étai et haubans
Ils sont réalisés à l’identique (sauf pour la longueur). J’ai utilisé du câble Ø3 sur lequel j’ai réalisé des épissures à la Portugaise: propres et très solides. La grande boucle pour le haut du mât et la petite avec l’anneau en bois pour le bas où il y aura le système de tension. Une ligature permet de protéger le bois du câble et d’avoir une réalisation propre sans risque de se blesser avec les bouts du câble.
Voici le système de tension des haubans. Il est réparti en 4 points en ajoutant un renfort pour limiter les déformations de la coque et répartir les efforts.
3 – Gui et corne
Il semble que pour ce gréement on ne dit pas « bôme » mais « gui » pour l’espar en bas de la grand voile car celle-ci n’est pas triangulaire. La « corne » est l’espar qui tient le haut de la voile.
Ces 2 espars n’ont pas tout à fait la même section mais fabriqués avec le même principe: lamellé-collé et un encornat (fourche) pour les maintenir au mât.
Pour la corne le système de réglage de son angle est en triangle avec une épissure à œil pour accrocher la drisse. Ceci n’est pas pour répartir les efforts mais tout simplement pour que la voile ne chute pas complètement quand je desserre la drisse de la grand voile fixée à l’encornat. L’avantage est qu’a la prise d’un ris, je libère cette drisse et la voile descend juste ce qu’il faut pour le prendre. Je la retend et il ne me reste plus qu’à ajuster la corne en la baissant un peu.
Sur le gui j’y ai ajouté des guides pour éviter que l’écoute pende sous le gui au changement de bord et se prenne dans notre tête…
Pour la prise de ris, j’ai un crochet coté encornat et juste un cordage avec une boucle à l’autre bout pour un réglage rapide.
Petite vidéo de la prise rapide de ris pour mieux comprendre:
Le palan d’écoute est sur le barreau le plus en arrière. Le palan est donc presque au bout du gui et sur le barreau de section continue, j’ai fait un nœud de prusik pour pouvoir le déplacer facilement et qu’il ne glisse pas tout seul. L’écoute revient au pied pour avoir tous les réglages au même endroit. Elle est suffisamment longue pour pouvoir la régler quelque soit mon emplacement dans le canoë.
4 – Foc
Celui-ci à une bôme pour n’avoir qu’une écoute. Je dois encore ajouter un système pour régler le point de fixation du palan d’écoute dans le sens de la largeur et pouvoir entre autre mettre le foc à contre en cas de besoin. L’écoute ressort au pied du mât au travers d’un guide.
J’ai également ajouté un réglage en latéral du point de fixation du palan. C’est un cordage en boucle fermée qui passe sous le foc et va jusqu’au milieu du canoë. Les frottements permettent à ce que le réglage ne change pas si on lâche cette corde. Cela permet d’affiner le réglage, mettre le foc à contre pour se mettre en sécurité ou aider à virer.
Le réglage peut se faire par l’équipier au pied du mât ou celui de derrière.
Je n’ai pas encore essayé seul, mais cela peut faciliter le réglage du foc en bloquant l’écoute et faisant le réglage uniquement avec ce système.
5 – Nouveau support de dérives
Après les premiers essais, j’ai pu déterminer la position des dérives: en plein milieu entre le mât et le barreau du milieu du canoë! J’ai donc réalisé une nouvelle barre en forme d’oméga pour ouvrir l’espace intérieur et pouvoir s’asseoir confortablement en pied de mât quand nous sommes 2 ou 3 dans le bateau.
Il est maintenu comme avant sur les plats-bords mais aussi au niveau du pied de mât pour éviter tout mouvement lors de la manœuvre des dérives.
6 – Pour plus de confort…
Ajout d’un banc démontable pour faciliter le déplacement lors de changement de bordé et mieux gérer l’équilibre du bateau lors des changements de vent.
ajout d’une butée pour éviter que la cordelette de remontée du safran sorte de son logement. Il me reste à ajouter des butées pour limiter l’amplitude du gouvernail. Le prototypage a été fait et fonctionne, reste à réaliser la version définitive…
Toujours sur le gouvernail, ajout d’une baguette de bois dans laquelle passe le système de commande du safran pour limiter son débattement à + ou – 45°. Cela évite aussi de ne pas forcer sur le palonnier arrière quand on est en fin de course.
Une corde à nœuds fixée de chaque coté à l’extérieur de la coque. Le but est de l’attraper facilement quand on est dans l’eau et remettre à plat le canoë après un chavirement. Tous les nœuds étant du même coté par rapport aux tendeurs, il suffit d’en attraper un pour que les 1,5 m de corde se déplient entièrement. Etant en polypropylène, elle à l’avantage de flotter 🙂
Et bien sûr avec plus de 80 m de cordage sur le bateau et de très nombreux nœuds: j’ai fabriqué un épissoir 🙂